Haute-Marne envoyé spécial
Un homme à la moustache broussailleuse sort un papier et dit: «Voyez, ça c'est le contrôle antidopage. Rien. Nada. Nothing. La Jamaïque n'est pas ce qu'on croit.» René Simoes, Brésilien et «professeur» de football des Reggae Boyz, est au choix: sorcier ou prophète. Croyant en tout cas: «Si Dieu le veut, on est là pour sept matchs.» A commencer par le prochain, dimanche, face à l'Argentine. Sa mission, puisqu'il se définit comme un missionnaire: «Rendre fier un pays.» C'est déjà fait: en quatre ans, il a écrit un script digne d'un conte de fées pour faire de Kingston, la capitale des cendrillons du foot. Simoes est un type étrange, parano et démago. Capable de courser un «espion» (un journaliste croate) devant ses joueurs et d'accepter, le soir, une interview rémunérée. Depuis le 4 juin, on l'a vu sergent-chef, pion et GO. Du genre à virer un type qui fume et à faire le tour des chambrées le soir. Le château d'Arc-en-Barrois qui les accueille n'a pas de stade? Il presse le golf attenant de livrer son practice pour y construire un terrain aux normes Fifa, puis, las, fait agrandir le stade de Chaumont, forer un trou de 80 mètres pour arroser. Coût: 600 000 francs. Simoes, au fond, a raison. C'est la Haute-Marne qui est allée le cueillir, pas l'inverse. Du coup, il exige; le département plie. Les cloches de l'église se taisent donc la nuit; une ferme-auberge a été fournie aux 8 joueurs supplémentaires invités; les lits ont été testés puis agrandis, fa