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Libération

Minavand entre foi et foot

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Le jeune milieu de terrain iranien rêve d'Europe.
publié le 20 juin 1998 à 3h33

Mehrdad Minavand, milieu de terrain de la sélection iranienne, est trop intelligent pour nier que sa rencontre avec l'équipe américaine, dimanche, sera un grand événement dans sa vie. Il est trop jeune, 22 ans, pour abuser de la langue de bois de ses aînés. Il est trop ambitieux aussi pour s'enfermer dans un ghetto paranoïaque iranien et croire aux conspirations du monde occidental. Alors, afin d'appréhender ce match intense et imprévisible, il dit : «Les Américains seront là. Nous serons là. L'important sera pour nous de tout donner. Si le peuple iranien voit que j'ai donné le meilleur de moi-même, il ne pourra rien se passer de mal.»

Depuis huit jours qu'on lui parle de cette rencontre emblématique à laquelle il pense comme tous ses coéquipiers depuis le tirage au sort de décembre dernier, Mehrdad Minavand n'affronte pas seulement une immense pression. Il découvre en même temps plusieurs mondes qui l'intriguent, l'amusent ou le perturbent.

Dans la rue. Né dans un faubourg du sud de Téhéran, Mehrdad a appris le football comme tous les gamins des quartiers populaires : avec une balle de mousse dans les ruelles du bazar, au milieu d'un concert de Klaxon, entre des étalages, bousculé par une foule permanente. Mais dans son enfance, s'il avait déjà beaucoup voyagé en rêve grâce au football, il ne s'était jamais imaginé, de son propre aveu, trois semaines à Yssingeaux, une bourgade du Velais aux toitures de lauzes, haut lieu d'une fourme délicieuse. Dans les rues de la sous-préfec