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Libération

Symptômes. Faille.

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publié le 20 juin 1998 à 4h07

Beau comme un roman, non, les destins croisés comme des ligaments du

genou de Christophe Dugarry et Zinedine Zidane? Pour le premier, sa sortie sur blessure ressemble furieusement à une mort symbolique, qui éteint toute action en polémique de la part de ses contempteurs. Les morts, c'est bien connu, étant tous de braves types, l'interruption du match laissera une curieuse impression d'inachevé. Alors, bon ou mauvais choix que celui de sélectionner Dugarry, tombé jeudi au champ d'honneur? On ne saura. Cette guerre-là n'aura pas lieu. Frustration.

Pour le second, le micro-pétage de plombs qui le fit expulser suscite semblablement le sentiment d'une imperfection: pour le spectateur lambda, l'entrechat du meneur de jeu bleu caressant des crampons une hanche saoudienne restera fondamentalement incompréhensible. On glosera à l'infini sur ce qui le motiva. Frustration de n'avoir pas marqué? Protestation d'une gémellité contrariée? Provocation vicieuse à l'encontre du père-prof «aimé» et détesté, le surveillant de la touche, en survêtement frappé de trois bandes tricolores? Geste réflexe d'un gamin de cité empêtré aux entournures de son uniforme de joueur modèle? Cela non plus on ne le saura.

Curieusement, on ne pourra s'empêcher de s'émouvoir en décelant dans cette faille quelque chose d'humain, de très bêtement trop humain. Qu'un professionnel de ce calibre s'oublie ainsi, au vu de quelques centaines de millions de personnes (au moins), dans un geste d'une intime gratuité, ce pour