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Libération
Portrait

Ilie, Roumain de demain. A 24 ans, il fait figure de successeur pour Hagi.

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publié le 22 juin 1998 à 4h04

Albi, envoyé spécial.

D'une fenêtre ouverte s'échappent quelques notes jouées sur un orgue électronique. Sous les pins, l'entraîneur, Anghel Iordanescu, parle à la presse, un quarteron de joueurs se dorent au bord de la piscine, et les remplaçants s'affrontent, gaules en main, sur la rive du Tarn. Adrian Ilie, lui, fait chambre à part. Il ne boude pas, il s'amuse. Dès qu'il a un peu de temps libre, il se jette sur le nouveau jouet dégotté dans un magasin d'Albi. «Il joue tout le temps et de tout: du classique, du folklore roumain, du rock», raconte son voisin de chambre. La veille, le lob tout en finesse de ce n°11 de 24 ans face à la Colombie a suffi à offrir trois points à son équipe. «Il ne l'a pas fait exprès», a maugréé le portier sud-américain, Mondragon. Ilie ne pipe mot de son exploit, l'essentiel, pour lui, c'est «l'équipe: un bon mélange de joueurs expérimentés et de jeunes qui apportent audace et vivacité».

Le gosse de Craiova découvre la Coupe du monde avec les yeux de l'innocence. Mais il n'en perd pas le nord pour autant: «J'espère en profiter pour me faire davantage connaître sur le plan international.» Enfant de la «révolution», Adrian Ilie n'avait que 15 ans lorsque les époux Ceaucescu ont été exécutés, et n'a guère de souvenir du Conducator et de sa Securitate. Depuis lors, nomades du ballon rond, les joueurs roumains s'exportent pour monnayer leur talent. S'il a fait ses classes au pays (à Craiova, puis au Steaua Bucarest), Ilie a suivi le mouvement: en Tur