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Portrait

Le père Lebrun siffle la fin du matchCe prêtre de Pantin a arbitré pendant 13 ans.

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publié le 25 juin 1998 à 4h21

Les crampons dans l'eau bénite, le short sous la soutane et le

ballon sous l'autel. On pourrait garnir à l'infini le rayon clichés-bizzareries et glisser que, si le curé n'est pas à la sacristie, c'est qu'il siffle dans les vestiaires. Mais Dominique Lebrun, 38 ans, prêtre à Pantin et arbitre ­ district puis promotion d'honneur ­ pendant treize ans, n'a pas besoin d'en rajouter pour montrer qu'il aime le football. Sa passion l'habite. Son vocabulaire en déborde. Quand on l'interroge sur le foot dans sa famille, il répond: «De mes sept frères et soeurs, je suis le plus pratiquant.» Quoi qu'il fasse, le foot l'entoure. Bien qu'il s'en défende: «J'ai fait ça pour faire du sport, je reste prêtre même quand je fais du sport.» Allers-retours. A l'entrée de la cathédrale de Saint-Denis, il y a des panneaux, «Catégorie A impair»; dedans, une affiche en couleurs avec un gardien qui plonge, une exposition «interreligieuse». Le ballon, la religion. Les allers-retours fusent. Le matin, Lebrun parle du Fils de Dieu à la messe. L'après-midi, il se fait renvoyer aux chiottes par des supporters accoudés aux barrières. Menaces, crachats, bousculades. Il ne dit pas «Pardonne-leur"» mais il précise que, souvent, ils ne savent pas qu'il est curé. Même s'il arrive toujours au stade en tenue de prêtre. Le corps arbitral ne le remarque pas. «Il se fond dans la masse», explique un responsable de la Ligue, en précisant que le curé n'avait pas «l'envergure» pour monter au niveau fédéral. Si l'arbitr