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Libération

«Un seul homme ruine des heures de travail par sa fantaisie». Les Marocains ont été «bafoués», accuse leur coach.

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publié le 25 juin 1998 à 4h22

Aix-en-Provence envoyé spécial

Il est 14 h, hier, Henri Michel est assis à l'ombre, dans sa campagne aixoise, devant une coupe de champagne. Les bulles ont un goût amer. L'entraîneur français des Marocains vient de faire «le con, le guignol, oui, moi, le vieux», trois heures durant, dans le car qui ramenait ses joueurs de Saint-Etienne. Il voulait divertir les esprits chagrins, éliminés malgré leur victoire 3-0 sur l'Ecosse. Maintenant, il a un coup de barre, la paupière lourde. «Ne me posez pas de question, je chiale!» Puis, aussi sec, la révolte. «C'est honteux, dégueulasse, grotesque, scandaleux, outrancier, provocant. Quand je vois ce que mes joueurs ont fait, pour en arriver là. Je ne peux pas l'accepter. Y en a marre! Un seul être humain ruine des heures de travail par sa fantaisie, c'est insupportable! Tout le monde peut dire le Maroc a été bon, mais le Maroc rentre à la maison. J'ai vécu des moments très tristes, ils paraissent banals à côté de celui-là.»

«Tristesse». A ses côtés, le meneur de jeu, Mustapha Hadji, se remémore cette soirée maudite, où le Maroc était qualifié jusqu'à cinq minutes de la fin: «Je regardais les joueurs sur le banc de touche, pour savoir ce qui se passait dans l'autre match. J'ai tout de suite vu leur tristesse, énorme. Un coup de couteau mortel. C'était fini pour nous.» Fini, par la grâce d'un pénalty généreusement accordé à la Norvège par l'arbitre américain Esfandiar Baharmast, qui lui permettait de battre le Brésil 2-1 et de se qualifi