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Libération

GROUPE H, ARGENTINE-CROATIE, AUJOURD'HUI A 16 H. Autoritaire et nationaliste, l'entraîneur croate se sent investi d'une mission «politique». Le chef Blazevic mène ses artistes à la baguette.

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publié le 26 juin 1998 à 3h34

Bordeaux envoyé spécial

Blazevic est un grand polymorphe. L'homme-caméléon de la Croatie raffole des discours sur mesure. Il s'adapte, se transforme. Tant pis si, un jour, il bombe un peu trop le torse en proclamant son équipe la «meilleure du monde». Tant pis s'il se croit indéboulonnable et a pourtant failli se faire virer avant le Mondial. Tant pis s'il se sent immortel et qu'un astrologue lui a prédit qu'il allait laisser sa peau au Mondial. Il fait avec. Ou ne fait pas. Dos rond, front plissé, clope au bec. A 63 ans, Blazevic est un dur à cuire qui carbure au stress, à l'hymne croate et au drapeau à damier. Un contorsionniste qui, à ce jour, est toujours retombé sur ses pattes.

Phrase fétiche: «Mon ami...» Il est né en Bosnie? Il est aujourd'hui l'homme lige du très autoritaire président Tudjman (son personnage préféré après sa mère, explique-t-il à Playboy), qui rêve toujours de le bombarder ministre. «Ciro», comme on l'appelle, du nom du train qui, jadis, reliait la Bosnie à la Croatie, a toujours su accrocher les bons wagons. Il craignait la Jamaïque ­ «des artistes» ­, le Japon ­ «increvables» ­, mais se sent d'attaque devant l'Argentine, ce soir. Motif: «Ils ont la pression.»

Début 1990. Blazevic, nationaliste convaincu, rentre au pays après un séjour en Suisse et un passage à Nantes, un sursis de taule (pour «recel d'abus de biens sociaux» avec l'OM) et un rapide ancrage en Grèce. Il retrouve le Dynamo Zagreb, où il a joué, entraîné. Propulsé à la tête de la sélecti