Toulouse envoyé spécial
On peut avoir la gueule de bois et se croire lucide. Lendemain de défaite de l'Angleterre. Veille de match à Lens. Ils sont quatre orphelins assis sur le capot d'une vieille Ford, volant à droite. Et tous l'assurent: «Lens sera terrible.» Combien d'Anglais attendus? «55 000, trois fois plus qu'ici», dit un supporter britannique, qui s'apprête à prendre son avion. «60 000, 70 000, c'est sûr. Pour nous arrêter, faudra un état de siège», croit un autre. Arrêter qui? Pourquoi? Le fan anglais souffre, ces jours-ci, d'une belle crise de parano. Pas toujours injustifiée. «Vous voulez du cliché. Vous faites votre beurre de caricatures. Vous dites toujours: Anglais + bière = hooligan.» Un pote, à ses côtés: «Vous ne savez pas faire la fête. Mais nous, le foot, le rock, la vie, c'est la même chose. On croque ça à pleines dents.» Un autre supporter, maillot de Leeds et moue dubitative: «La violence n'est pas organisée comme avec les hools allemands. C'est juste trente ou quarante connards qui raffolent de la baston, et qui veulent baiser notre bonheur.»
«Provoc' d'Arabes.» Les migraines se cuvent au Melting Pot, bar irlandais et QG de trois jours de cuite savoureuse. La veille, c'étaient les trottoirs bondés, les drapeaux autour de la nuque, les Rule, Britannia! à gorges déployées. On boit pour se mettre en appétit. Ce soir-là, c'est plutôt atelier lecture. On se refile les Sun du jour, on boit pour oublier qu'on n'a plus faim. Jeremy, 25 ans, tatoué et crâne pel