Clapiers (Hérault), envoyé spécial.
Tous dans le car, et lui à part. La voiture officielle d'«El Macho» est avancée. Gyrophare, flics en civil et R25, Chilavert quitte seul le petit stade municipal de Clapiers. Ses coéquipiers ont déjà regagné leur hôtel, lui s'attarde, portable à l'oreille, signe quelques autographes et pose avec la ribambelle de gosses qui l'assaillent. Regard ténébreux, barbe de deux jours et coupe à la GI, la star paraguayenne est en campagne. Soumis à la botte du général Stroessner pendant un quart de siècle, son petit pays, où même le foot est en faillite, s'initie à la démocratie entre deux tentatives de coup d'Etat. Chilavert veut en être. Il vient de laisser passer son tour, mais menace déjà de concourir à la prochaine élection présidentielle. «Si mon peuple le veut», dit-il en dédiant sa victoire contre le Nigeria «à toute l'Amérique du Sud, où beaucoup de gens, qui ne mangent pas à leur faim, n'ont que le ballon pour se divertir.» Son programme est encore vague: «Aider les pauvres et tous ceux qui sont dans la misère, et réduire les inégalités.» Le style, aux faux airs de Tapie, est déjà posé: populiste, hâbleur et mégalo.
Grande gueule et fière de l'être, Chilavert soigne sa caricature: il boxe les journalistes qui approchent un peu trop près de ses deux fils, refuse de répondre aux «questions à la con» et répète qu'il ne craint pas la France «Je vais la mettre à genoux» mais l'arbitre des Emirats arabes unis: «Une catastrophe, il y en a au moi