La dernière fois qu'il s'est fait pincer à Paris, c'était en
novembre 1992, du côté de la Porte de Vincennes. Il avait sur lui des traveller's chèques volés et était déguisé en Arabe du Golfe: un chèche à rayures rouges sur la tête, la chemise blanche boutonnée jusqu'au coup et des lunettes fumées. Il se faisait alors passer pour Aboulaziz Abou Abdallah al Nouas, diplomate koweïtien. L'Italien Adriano S., l'un des pickpockets les plus redoutés de la terre, ne pouvait pas rater cette Coupe du monde. Né à Rome en 1943, cet homme au visage avenant d'universitaire est de la race des derniers grands pickpockets, qui opèrent toujours en solitaire et exècrent la violence. «Adriano possède un flair inouï pour détecter la cible aux poches intéressantes. Pour cette compétition, à coup sûr il a obtenu une accréditation et cherchera toujours des victimes du côté des tribunes officielles», raconte une connaissance. L'Italien, qui voyage d'un continent à un autre, de Miami à Francfort et de Sydney à Hong-kong, est un spécialiste des foires et des salons internationaux. Mais il a également officié dans plusieurs Coupes du monde et, pour le premier tour de l'édition 1998, avait réservé des chambres d'hôtel dans les villes où jouaient l'Arabie Saoudite, le Japon et la Corée. Car les supporters de ces trois pays ont la réputation d'être les clients les plus faciles à voler. Les Arabes du Golfe comme les Asiatiques sont connus pour toujours porter sur eux argent ou objets de valeur. «Le Japona