Belgrade envoyé spécial
Slobodan Santrac, ancien international (8 sélections) et canonnier patenté, notamment de l'OFK Belgrade, du Partizan, fut quatre fois meilleur buteur du championnat yougoslave, entre 1968 et 1973. Il détient le record de buts marqués (218) dans cette compétition. A 52 ans, il est à la tête de la sélection nationale yougoslave, depuis décembre 1994. Rencontre avec celui qui a su rendre collective une association de talents individuels.
Culture du jeu. «On a compris bien tardivement que le foot n'était plus un jeu mais une compétition. Dans nos têtes nous n'avions pas réalisé que le sport avait changé de rive. Malgré tout, je pense que nous sommes encore convaincus qu'il s'agit simplement d'un jeu. Il y a derrière tout ça un problème de société. Chez les Serbes, perdre au jeu est une tragédie. Quand on possède la culture de la compétition, perdre devient un élément, tout comme la victoire, qui fait partie de cette nouvelle donne. Il y a toujours quelque chose d'inconcevable dans la défaite, pour les Serbes. C'est un truc inexplicable qui fait que notre émotion nous submerge, comme une sorte de grande dépression. Le sport devient alors quelque chose de déraisonnable.»
Individus. «Nous sommes prisonniers de notre culture slave. On me demande souvent: "Alors, comment votre équipe va-t-elle jouer en attaque? Je serais bien en peine de répondre, parce que les joueurs eux-mêmes l'ignorent. S'il n'y avait qu'une seule question, elle pourrait se résumer à: commen