Melbourne correspondance
A Melbourne, le football est une obsession, une fièvre, une rage. Chaque week-end, sous la pluie et le vent glacé du pôle Sud, c'est par dizaines de milliers que les supporters, emmitouflés dans leurs écharpes aux couleurs de leur club, envahissent les stades. Le plus grand, le MCG (Melbourne Cricket Ground), peut en accueillir 90 000. L'ancien stade olympique fait le plein, régulièrement, pendant la saison. Pour la finale du championnat, mieux vaut réserver ses places d'une année sur l'autre. Le lundi, les journaux consacrent la plupart de leurs pages aux matchs du week-end. Journalistes, commentateurs, éditorialistes, décryptent les rencontres, analysent les per- formances, notent les joueurs, s'insurgent contre les arbitres, demandent la peau des entraîneurs. Cette semaine, relève ainsi The Age, dans ses pages Football, les Magpies de Collingwood ont été «surclassés, purement et simplement». Saint-Kilda les a corrigés, 17-11. The Age a également repéré que «Batitusta a détruit le Japon», mais c'est quelques pages plus loin: la World Cup, à Melbourne, ce n'est pas du football, c'est du soccer. Le football, le vrai, c'est l'Australian Rules, Aussie Rules, le «footy»: 18 garçons en short moulant et maillot à manches courtes qui balancent à travers un terrain ovale un ballon également ovale et 18 autres garçons en short moulant. Certes, The Age a fini par admettre qu'il existait une sorte de sport joué avec un ballon rond, et croit savoir qu'il est