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Libération

SYMPTOME. Messages.

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publié le 29 juin 1998 à 4h35

Au hasard et aux marges des stades et des rencontres, il faut rendre

grâce ­ une fois n'est pas coutume ­ à la télévision de nous faire découvrir quelques plans rafraîchissants. Je veux parler de ces banderoles largement déployées çà et là, dans et autour des stades, et qui, au-delà des obsédants «Maman, garde-nous du gigot pour ce soir!» ou «Hi, Dad! I'm here!», parviennent quelquefois à signifier.

En découvrant l'autre semaine le message envoyé par l'Empire des signes via les «exemplaires» supporters japonais (ceux-qui-font-le-ménage-dans-les-tribunes-à-la-fin-du-match), on put craindre que la fonction des banderoles se limite à conforter des stéréotypes d'ordre, disons, ethnologique: le Nippon étant ainsi étiqueté poli comme le Portugais gai, on avait souri à leur souriant «We have no tickets, but we know étiquette» (en français dans le texte). Depuis, d'autres messages sont venus, qui semblent induire que l'amateur de football aussi a une mémoire. Preuve en fut cet hommage du public colombien de Gerland à Andres Escobar, dont un but contre son camp, en 1994 à Pasadena, signa l'arrêt de mort à Medellín, sitôt son retour au pays. Et, tandis que l'on se laissait doucement aller à presque s'émouvoir, un drap peint, jeudi soir à Montpellier, faisait définitivement exploser le sale préjugé Allemand = Boche (ou Schpountz, ou, plus explicitement encore, Nazi) en affichant sobrement: «Pardon, Frankreich». Ce qui, indubitablement, nous changeait des «Thierry, Jean-Mimi, on a froid à