Pouvaient-ils faire autrement que d'être là, les Croates, sortir
d'un groupe H qui comptait certes l'Argentine mais aussi le Japon et la Jamaïque? Alors ils y seront, cet après-midi contre la Roumanie, mais il faudra que ça fuse, sauf à laisser penser que le pétard était mouillé. S'autoproclamer «Brésiliens de l'Europe» oblige. Ce football artiste qui, au premier 3-1 contre la Jamaïque, le 14 juin, laissait penser qu'on tenait là, sinon un favori, au moins une sensation du Mondial, a pâli 1-0 six jours plus tard contre le Japon avant de s'éteindre le 26. Les Croates furent battus 1-0 par l'Argentine dans un match où l'on releva surtout qu'il faudrait une fois de plus compter avec l'équipe de Passarella. On dira qu'ils ont des excuses. C'est leur première Coupe du monde. Mais ce n'est pas leur première compétition. L'Euro 96 les avait vus éliminés à contresens en quart de finale, par l'Allemagne il est vrai. Après cette révélation, ils s'étaient qualifiés en suivant le chemin malaisé des barrages pour arriver en France. Ici, on a pu vérifier que Boban, Prosinecki, Stanic, Suker pouvaient bien être tels qu'on les rêva. Mais pas toujours. Trop sûrs de la supériorité des footballeurs techniques, poètes qui savent compter leurs pieds, contre le football tactique qui mise sur les jambes indistinctes. Ils avaient un autre charme, quand ils jouaient naissance d'une nation. Les traces de la guerre étaient fraîches et le football lui survivait. C'est un temps oublié. Miroslav Blaz