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Libération

Vu d'Israël. Le silence des canons

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publié le 30 juin 1998 à 4h42

Jérusalem de notre correspondant

Il y a un quasi cessez-le-feu au Sud Liban, que personne n'a pourtant déclaré. Une succession d'arrêts des hostilités, depuis le premier coup de sifflet du Mondial. Dans la zone occupée par Israël, cette bande de terre étroite qui part du mont Hermon et se jette dans la Méditerranée, le canon se tait quand le ballon rond apparaît. «Durant un match, nous savons que le secteur sera calme et qu'il n'y aura pas d'alerte», a ainsi confié un sergent, commandant une batterie d'artillerie, au quotidien en hébreu Ma'ariv. Grâce au football planétaire et télévisuel, l'activité militaire dans la région a baissé de 80%. Les troupes du Hezbollah, ces combattants chiites habituellement prêts à sacrifier leur vie au nom d'Allah, sont rivées devant leurs petits écrans. Ils sortent de leur torpeur uniquement quand l'une de leurs équipes favorites ­ arabe de préférence ­ perd ou encaisse un but. Le réveil peut être rude. C'est un peu comme si des supporters anglais mécontents étaient armés de mortiers ou de missiles Katioucha. En période de Coupe du monde, la guerre n'est que la poursuite du football par d'autres moyens. Ainsi, après la défaite de l'Iran contre la Yougoslavie, le 14 juin, «ça a été le balagan (le bordel en hébreu)», selon un soldat interrogé par Ma'ariv. Lorsque les Saoudiens ou les Marocains échouent sur le terrain, des obus s'abattent durant la pause sur les positions de Tsahal et de sa milice supplétive, l'armée du Liban Sud (ALS). Le calme