Le ciel est devenu bleu tendre, un alezan s'élève au-dessus d'une
barre dans le soleil couchant. Au centre de la carrière, appuyé sur des béquilles, un jeune homme encourage et l'animal et le cavalier. Eddy Sans, 27 ans, est le patron des Ecuries de Pontarmé. En voyant le gros bourrelet de verdure que fait la lisière de la forêt de Chantilly le long de la croquignolette vallée de la Thèves, on se dit que c'est l'endroit idéal pour monter une affaire équestre. «Ce n'était pas prémédité, explique Eddy, en fait, mon beau-père avait acheté la maison pour lui. Il y avait quelques boxes, une toute petite carrière. J'avais 18 ans et je travaillais à l'UCPA de La Courneuve. Monter une écurie me semblait risqué. Dans ce milieu, les gens ne confient pas facilement leur cheval à des gamins.» Mais le beau-père croit en son gendre et ne se dégonfle pas. Le bouche à oreille fait le reste, et depuis, les boxes sont tous occupés par des pensionnaires sabotés, heureux de la tenue du gîte et du couvert. «C'est clair que durant les matchs du Mondial, surtout ceux de la France, l'écurie est morte, il n'y a pas un chat.» Que des chevaux, le chanfrein à la porte du boxe, qui pointent soudainement les oreilles vers la maison du cavalier lorsque les Bleus marquent. Eddy Sans les supporte à fond: «Ils vont mettre une toise aux Italiens», disait-il avant le quart de finale. Avec un petit sourire plaisantin, il avoue sa joie d'avoir vu les Anglais éliminés: «Nous en voilà débarrassé, ça fait du bien.