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Libération

Le prologue et l'étape marqués par «l'affaire». Le maillot jaune de Boardman est passé au second plan.

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publié le 13 juillet 1998 à 7h44

Dublin, envoyé spécial.

Un après-midi de chien. Sous un ciel crayeux qui rase les bords de la Liffey à l'heure du prologue, le car de l'équipe Festina s'est garé devant un immeuble en réfection de Westmoreland Street. Le public est tenu à distance par une simple bande de plastique. Derrière les vitres fumées tourne la silhouette d'un Richard Virenque agité, debout, assis, debout, assis, le nez contre le carreau" Depuis la veille, le fiancé de la France de juillet se dit «effondré» par l'affaire qui secoue son équipe. Il est resté muré dans sa chambre de bord de mer quand tout le monde l'attendait au dehors, s'est glissé dans une berline pour foncer en catimini vers les avenues luisantes de Dublin et le circuit peu engageant du prologue. Maintenant, il faut bien qu'il sorte et s'échauffe devant les curieux. Il descend les marches sans un coup d'oeil alentour, gracieux comme un bouquet d'épines. On le cale sur un vélo fixe, il mouline durement dans le vide, le regard en butée sur sa roue avant qui fait frémir l'eau noire d'un caniveau. Hormis le frottement soyeux des pédaliers, on n'entend pas grand bruit. Les fanfares se sont tues, la rumeur de la foule n'arrive pas jusqu'ici. Les Dublinois ne sont d'ailleurs pas si nombreux, 100 000 selon la police, alors que les organisateurs en espéraient trois fois plus. Pas très excités non plus. Comme s'ils se trouvaient d'un coup refroidis par la bruine, comme s'ils sentaient que derrière les vitres remontées des voitures, les visages