L'affaire Festina marque un tournant dans la lutte antidopage. Elle
atteste d'une volonté politique affichée de fermeté, où l'hypocrisie des contrôles antidopages a partiellement vécu. Elle vient après le feuilleton de la nandrolone, et le même jour (coïncidence?) où Marie-George Buffet vient suppléer la fédération de judo pour mettre Djamel Bouras un an sur la touche. Elle vient après que le ministère a dû beaucoup batailler avec la Fifa pour conserver la mainmise sur les contrôles pendant le Mondial. La ministre des Sports, après avoir subi pas mal de pressions, à l'intérieur même de son cabinet, campe aujourd'hui sur une ligne plutôt dure. Car elle sait que le dopage sévit de plus en plus, y compris hors de l'élite. Elle sait qu'à l'instar de Moreau ou de Gaumont, il ne suffit plus d'être dopé pour être suspendu. Elle sait aussi que «les contrôles antidopages sont plus que jamais obsolètes, où 99% des dopés passent à travers les mailles du filet, comme le dit un spécialiste de son ministère. On est en bout de chaîne. C'est comme si on faisait pisser des types sur les Champs-Elysées pour savoir combien sont cocaïnomanes. Aucun intérêt. Mieux vaut remonter les filières.» Alain Garnier, président du groupe de suivi de la convention antidopage du Conseil de l'Europe, ne dit pas autre chose: «Cette affaire montre que l'important n'est plus de s'attaquer aux sportifs mais aux pourvoyeurs, et qu'il faut harmoniser les législations.» Pas seulement, conclut un acteur de la lut