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Libération

Heppner roule son monde en Bretagne. L'équipier d'Ullrich a laissé travailler ses compagnons d'échappée pour gagner.

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publié le 15 juillet 1998 à 6h04

Lorient, envoyé spécial.

Dans la nuit de lundi à mardi, le Tour revenait d'Irlande à bord du Koningen Beatrix. Le navire tanguait, mais il avait belle allure. Les gens de Cork sont venus saluer son départ. Un peu comme à l'époque du Saturnia, qui emmenait les «besogneux» du Giro 1949 vers le départ en Sicile et où dormaient Kubler, Dubuisson, Lesage, Cerami, Conte, Grippa. «Dans le ronronnement étouffé de ses moteurs le bâtiment resplendissant de lumière que les pêcheurs, depuis leurs petites barques, doivent apercevoir même de très loin, tel un mirage...», s'enthousiasmait alors Dino Buzatti, rédigeant ses notes dans le roulis. Le chroniqueur du Corriere Della Sera allait traîner vers «les portes blanches du long couloir désert» et se laissait porter par l'excitation de l'épopée à venir: «Comme les rêves doivent être faciles à faire, cette nuit, sur le grand navire illuminé.» Nous aussi nous aurions aimé nous aventurer dans le dédale des couloirs et nous perdre en hypothèses. Ullrich, dans le grincement de la houle, dort-il comme un enfant? Virenque est-il encore agité quand le plafonnier s'éteint? Malheureusement, sur notre bateau nous étions seuls. Il n'y avait que la foule des suiveurs. Les coureurs, dans la soirée, avaient regagné la Bretagne en avion. Et comme ce Tour de France a vite fait de nous ramener sur terre, on se demandait surtout qui irait attendre les Festina à l'aéroport de Brest. Seraient-ils accueillis par la police judiciaire? Il n'y avait personne. Les