Les statistiques sont intéressantes. Le nombre de tirs cadrés, de
buts marqués sur coups de pied arrêtés, de tirs déclenchés des 25 mètres, ceux partis de l'intérieur de la surface, les cartons jaunes et rouges, tout ça est passé au crible, disséqué, étudié. Mais quel chiffre parle du nombre de footballeurs qui se signent? Mesure le poids de la transcendance dans les résultats d'une équipe? Prenons par exemple le dernier carré du Mondial. Là figuraient deux équipes qui croient, contre deux équipes qui plutôt non, ou, en tous les cas, ne le montrent pas. Ou moins. La Croatie et le Brésil se signent, la France non et encore moins les Pays-Bas protestants. Nombre de bons catholiques italiens et espagnols ont raté les marches du paradis qu'ils visaient pourtant. Mais on dira que pour eux la récompense viendra dans l'autre monde. Les statistiques disent pourtant que les Brésiliens, en gros, ont tiré deux fois moins que les Français pour parvenir en finale, avant d'être, il est vrai, abandonné in fine par la «main de Dieu». N'empêche: les mécréants écarteront la providence divine et parleront de simple habileté, de sens du but s'ils sont connaisseurs. Et il est possible qu'ils aient raison. D'autant plus que le père Zorislav, de la mission croate à Paris, va plutôt dans leur sens. Dans les multiples signes de croix qui émaillent les matchs de ses compatriotes il voit «plus de superstition que de foi réelle.» Depuis la guerre de 14, l'Eglise n'aime pas que l'on convoque la divinité