Qu'un gigantesque business gravite de plus en plus autour du football et le pénètre de partout, cela est incontestable. Mais de même que le cinéma d'Hollywood fut un gigantesque business, cela n'empêcha pas certains metteurs en scène de réaliser des films géniaux et, si étouffante fût-elle pour de nombreux artistes, l'industrie cinématographique loin d'étouffer l'art du cinéma, permit de l'étoffer.
Il était commun aux élites intellectuelles des années 30-60 de dénoncer dans le cinéma un «divertissement d'ilotes», et chez les se-disant marxistes, d'y voir un nouvel opium du peuple qui empêche le prolétariat d'accéder à la conscience révolutionnaire. L'élite intellectuelle d'aujourd'hui dénonce l'horreur footballistique, l'invasion de l'argent, le nouvel opium qui sert à camoufler le chômage et les sans-papiers, mais comme tout vision réductrice, celle-ci oublie le vécu: l'art, le jeu, la poésie, l'amour. Le football est un grand art dont les subtilités sont intelligibles à son public le plus populaire. Comme tout art classique, il respecte des règles contraignantes qui justement suscitent l'habileté et le talent à l'intérieur de leurs exigences. Certes les contraintes poussent à de multiples tricheries qui se sont multipliées au cours du Mondial, tirages de maillots, coups de coude, croche-pieds mais celles-ci n'ont pas dénaturé l'ensemble des matchs. Art-jeu, le foot nécessite une stratégie mobile et plurielle. L'art footballistique s'accomplit quand il y a, non seulement int