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Libération

Pantani brille à Beille. Le grimpeur italien gagne détaché. Ullrich reste en jaune.

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publié le 23 juillet 1998 à 6h27

Plateau de Beille, envoyé spécial.

Il existe «une science du faux train». Bernard Thévenet nous l'apprend à l'heure de la croustade: «Il ne faut pas être trop lent pour ne pas s'endormir.» Ça fait rigoler les rares consommateurs d'un bistrot de montagne, qui traînent devant le téléviseur quand les coureurs lambinent dans les forêts de chêne du Portet-d'Aspet.

Sur ces entrefaites débarque un type du village coiffé d'une casquette de l'armée rouge. Celui-ci annonce, gaillard, qu'il est là pour «encourager Oukimov» et son apparition suffit à détourner la clientèle d'une course dont elle se fiche un peu. Il fait chaud sous le couvre-chef «acheté à Leningrad», la sueur perle sous la visière et ça devient toute une affaire. Dehors, la route est blanchie par le soleil, le goudron va commencer à fondre. Rien de très encourageant. Les verres sont alignés pour l'après-midi. Les échos du Tour, quand il sera passé devant la porte, se feront plus lointains. Au-dessus du bar, la patronne a écrit: «Si l'alcool te gêne dans ton travail, supprime le travail.» Finalement, on ne s'amuse pas plus ici qu'ailleurs. Une tête de sanglier, au-dessus de la porte, est couronnée d'une casquette de chasseur qui dit «Notre drogue: les canards pas les pétards».

Il est temps d'y aller. D'ailleurs, vers 14 h 30, la radio de bord crépite. Roland Meier, un anonyme rouleur suisse, a eu l'idée d'animer la course vers le col de la Core. Il est accompagné des Espagnols de la Kelme, Gomez et Rodriguez, et d'un Lebret