Albertville, envoyé spécial.
Il est à parier que, depuis 500 étapes hier qu'il commente le Tour, ni sa voix ni son ton n'ont jamais varié. Car, si ce n'est pas cette année, ce ne fut donc jamais. En tous les cas, depuis Dublin, qu'il vente ou qu'il pleuve, qu'on se dope ou qu'on se pique, qu'on perquisitionne ou qu'on saisisse, qu'on mette en garde à vue ou en examen, il ne s'est jamais démonté. Daniel Mangeas, c'est la voix du Tour comme l'ORTF fut la voix de la France.
Il y a des cirques où, quand la trapéziste tombe, le Monsieur Loyal a un moment de stupeur parce qu'il arrive que la trapéziste soit sa fiancée ou une amie, et puis la musique vient à son aide et tout repart car «the show must go on». Depuis le 11 juillet, Daniel Mangeas a vu une douzaine de trapézistes se ramasser, ou plutôt se faire ramasser, il n'avait pas la moindre musique pour l'épauler, et pourtant il n'a jamais cillé. Car la seule musique, depuis que l'accordéon a expiré, c'est lui, une petite musique de la normalité, invariable, qui fait que le Tour, année après année, ne prend pas une ride. Passent les champions et la voix demeure. Cette année, rien qu'à l'entendre, depuis le début et aux pires moments, on pouvait soupçonner que la normalisation serait inéluctable. Daniel Mangeas est un monsieur dans son métier, loyal, il l'est aussi et personne ne peut dire que ce soit un défaut.
Présentation. Son numéro est invariable. Chaque matin à la signature avant le départ, il accueille les coureurs un par un