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Libération

«Si tu ne prends pas ça, tu ne marcheras jamais». Sommée de se doper, Elisabeth Chevanne-Brunnel a fui l'équipe italienne Fanini. Témoignage.

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publié le 29 juillet 1998 à 6h45

Elisabeth Chevanne-Brunnel fait d'abord valoir qu'elle aurait

préféré que l'on s'intéresse à elle plus tôt, ou autrement. Championne du monde junior en 1993, sixième du Tour l'an dernier, elle s'est retrouvée cette saison sans équipe, à 23 ans. Le cyclisme féminin n'a pas la force de séduction des courses d'hommes, et l'argent n'abonde pas. Sauf en Italie, où les équipes sont structurées à l'image des formations pro masculines. Dans le milieu, les préparateurs sont connus pour appliquer les mêmes méthodes que chez les hommes, et sont même soupçonnés, puisque les contrôles antidopage sont plus discrets et les conséquences moindres, de tester sur les filles ce qui servira plus tard aux garçons. En janvier, contactée par le groupe sportif Fanini, Elisabeth accepte de partir en Italie. Un diététicien la prévient du risque qu'elle encourt. La préparation n'a rien à voir avec ce que l'on connaît en France, mais, souligne son père, «elle a surtout regardé l'aspect professionnel de la structure.» Un bon salaire et la possibilité de participer à des courses bien organisées finissent de la convaincre. «De janvier à mars, tout s'est bien passé, mais fin mai alors que l'on se rapprochait du Giro, le médecin de l'équipe est venu me voir et m'a dit: "Si tu ne prends pas ça, tu ne marcheras jamais. J'ai répondu que je n'en avais pas besoin, il m'a rétorqué que je ne progresserais pas. J'ai refusé. Je n'en revenais pas. Je suis partie en Italie, très saine et je ne voulais pas entrer dans c