Au bout de la ligne droite du 100 mètres des Championnats d'Europe,
Christine Arron était un peu attendue au tournant. Sa victoire en 10''73 (nouveau record d'Europe), devant la Russe Privalova et la Grecque Thanou, a claqué comme un fouet. D'autant qu'un peu plus d'une heure auparavant en demi-finale, Arron avait battu son propre record de France en 10''80. Cette première grande consécration internationale la place donc avec les étoiles de l'athlétisme. Elle devient en effet, à 24 ans, la troisième femme la plus rapide de tous les temps sur cette distance derrière les Américaines Florence Griffith-Joyner et Marion Jones.
Née aux Abymes, en Guadeloupe, le 13 septembre 1973, Christine Arron s'affiche donc de plus en plus comme la star d'un athlétisme français livré aux sautes de forme et d'humeur de Pérec. De son enfance, elle confesse qu'elle fut simplement heureuse. L'athlétisme à 11 ans, pour faire comme une copine, après s'être essayée au karaté, et tout de suite un talent qui s'affirme («A l'école, je gagnais toutes les courses, même contre les garçons», confie-t-elle au Monde). Arrivée en métropole en 1992, elle cohabite même quelques semaines avec Marie-José Pérec. D'abord élève de Fernand Urtebise (l'entraîneur de Stéphane Diagana, ndlr ) la première année, puis de Jacques Piasenta depuis, Arron commence à aiguiser ses pointes sur 200 mètres. Après avoir manqué les Jeux olympiques d'Atlanta en 1996 pour cause de blessure, elle efface en février 1997 (en 23''13) le recor