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Le cerf-volant marabout de ficellesJeu, sport, art ou religion? Réponses au Festival de Dieppe.

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publié le 10 septembre 1998 à 11h36

Dieppe envoyé spécial

Ce jour-là, ce n'est pas un temps à mettre un cerf-volant dehors. Le 10e Festival international de Dieppe (jusqu'au 13 septembre) a du vent dans les voiles. Un souffle énorme, gorgé d'eau, plus enclin à gonfler les grand-voiles d'un trois-mâts que les frêles «ovnis» de toile. Les trois grandes pelouses détrempées du front de mer ­ d'une superficie totale de huit hectares ­ restent abandonnées. Alors, pour se protéger du déluge, chacun gravite sous la tente-buvette. Les mines enjouées et les regards insistants des quelque 800 participants en disent long. «Organiser ce festival, c'est croire un peu que les gens s'aiment», souffle Serge Gaillard, le délégué général de la manifestation, à l'origine du projet depuis 1980. L'amour supposé a fait des petits. Cette année, trente et une nations se sont donné rendez-vous pour la grand-messe. Les cerf-volistes sont venus de quatre continents (manque l'Afrique), avec chacun un rapport affectif ou culturel différent à l'objet du désir.

Démarche créatrice. «Cela fait trente ans que j'en fais vraiment, dit ainsi Gérard, 77 ans, un des 650 licenciés du Cerf-Volant-Club de France (CVCF). Pour moi, c'est un jouet qui n'a aucune signification religieuse et avec lequel je n'entretiens pas de rapport céleste. Je trouve juste dans cette pratique le plaisir de la fabrication et de la création.» Ce seul aspect ­ ludique ­, Didier, 40 ans, le revendique aussi: «Le plaisir, c'est simplement de voler avec son propre cerf-volant. On