Cerler (Espagne), envoyé spécial
Ils sont bien sombres mais déguisent à merveille leurs sentiments. Les coureurs de l'équipe Festina sur le Tour d'Espagne n'ont plus de guides. Alex Zulle a les gestes mécaniques des neurasthéniques. Richard Virenque «veut bien parler de la course, mais pas du dopage». Il pointe à 4'59 du leader du classement général, l'Espagnol Olano. Pourtant, ces premières étapes pyrénéennes étaient taillées à sa mesure. Hier, avant le départ de l'étape(186 km et trois cols de première catégorie) qui conduisait le peloton d'Andorre -La-Vieille à Cerler, court sommet aragonais (1 530 m), 21 coureurs ont subi un contrôle sanguin au chant du coq, dont les huit de Festina. Les taux d'hématocrite (la concentration de globules rouges dans le sang) se sont révélés inférieur au plafond fixé à 50% par l'Union cycliste internationale (UCI). On a parlé pour l'un de 43, pour un autre de 42.
Vacillant. Ces choses-là, qui étaient, il y a peu, du domaine de l'intime, se divulguent maintenant avec des regards blasés. Quand un journaliste s'approche des coureurs de Festina, les visages se crispent et les regards se tournent alors vers le ciel. L'équipe Festina, il y a encore trois semaines, était classée première équipe mondiale. A les voir traîner leur misère aujourd'hui, on imagine bien mal à quel point cette souveraineté sur le peloton fut immense.
Dans le village départ, la tente Festina abrite quatre tables de jardin et deux hôtesses. Les silhouettes en carton de Zulle