Tribune Sud, ils ont leurs drapeaux. Un rouge avec Che Guevara, un
bleu, marqué «Indépendance» (de Marseille, évidemment). Nés en 1987, «cosmopolites, contestataires et turbulents», les South Winners sont les indispensables rebelles des supporters de l'OM qui, avec 40 000 abonnés au Vélodrome, font de Marseille la capitale du foot français. Supporteur et ethnologue, Nicolas Roumestan, 25 ans, a observés les Winners pour un remarquable mémoire de maîtrise (1). «Ça leur a fait drôle de voir parler d'eux de manière aussi intime, dit-il. Mais ça respecte ce qu'ils sont.» Extraits.
Supporters. «A Marseille, y a pas de supporter. Le ballon, c'est dans les gènes, tu nais avec le ballon, depuis toujours y a le ballon, y aura toujours le ballon. Donc supporter ça veut rien dire, tu supportes pas, tu le vis.»
Marseille. «Marseille, tu fumes du shit, tu niques, tu manges, tu fais n'importe quoi, n'importe où à Marseille, tranquille, décontracté, tu vis.» Winners. «Le groupe qui synthétise le plus les idées marseillaises d'avant, le Marseillais farouche, toujours grognard et prêt à "estanquer (voler, arnaquer, ndlr) et supportant pas les mecs du Nord.» «A travers les Winners, j'ai l'impression de militer" D'arrêter de parler et d'enfin faire quelque chose. Me retrouver avec le peuple, avec des mecs que c'est des crapules mais que tu arrives à imposer un respect mutuel entre eux et toi. Ils ont toutes les couleurs mais ils sont tous de chez moi. Du pays de la tolérance. Voilà.»
Le drapeau