Samedi après-midi, le Stade français a battu Nîmes 69 à 10 en
championnat et il n'y a rien à en dire. Ou trop de choses. Le Stade français est l'équipe championne de France, dans un genre splendide, qui travaille à conserver son titre en magnifiant encore son genre. Depuis le début de la saison, l'observateur, même distrait, aura remarqué que le Stade français a fait vieillir d'un coup les autres équipes, surtout celles que l'on estimait au-dessus du lot. Nîmes est une équipe qui aurait dû jouer une division en dessous si le championnat n'en avait eu besoin pour faire la vingt-quatrième au poker menteur qui se dispute, cette saison, sous l'égide de la Ligue de rugby professionnel. Mais enfin, pour Nîmes, l'apprentissage de la vérité dut être bien rude samedi à Massy.
Boeing spectateur. En fait, le véritable intérêt du match tenait au lieu. Et l'on peut bien recenser toutes les incohérences du championnat de France, le rugby demeure ce sport où l'équipe la plus professionnelle choisit de recevoir un adversaire dans un stade qui serait d'un bucolique anglais si les Boeing 747 qui décollent d'Orly ne surgissaient à jet continu au-dessus des poteaux. Pour autant, jouer à Massy, en Essonne, ce n'est pas jouer n'importe où. Le Rugby Club de Massy abrite la meilleure école de la région parisienne. Massy, c'est une ville de la banlieue sud, un peu éclatée, un peu biscornue, qui doit beaucoup à son ancien maire, mégalomane et mitterrandien. Claude Germon a donné à ses administrés une