Le dopage «est un problème naissant de santé publique». Le CNRS, qui
diligente un rapport sur la question, reconnaît «qu'il est en pleine extension quantitative-qualitative». Dans son rapport intermédiaire, plus, en l'état, une succession de pistes de recherche qu'un état des lieux exhaustif sur la question, l'avant-propos précise: «Aux confins du problème des addictions et des questions de société, le phénomène du dopage dépasse par ses conséquences la seule communauté du sport.» C'est, notamment, ce que démontre notre enquête sur l'une des nombreuses carences pointées par l'institution scientifique: les liens, longtemps ignorés mais difficiles et délicats à appréhender (sauf à verser dans les amalgames), entre sport et toxicomanie.
Facteur aggravant. C'est un fait: le sport n'agit plus forcément comme un antidote aux dérives, notamment le recours à la drogue. Le CNRS préconise donc de «développer l'étude de la liaison existant entre dopage et toxicomanie». «Parmi les usagers chroniques de drogues, note ainsi le prérapport, qui s'est appuyé justement sur l'étude de Lowenstein (lire ci-contre), on rencontre un nombre notable d'anciens sportifs de haut niveau pour lesquels l'héroïne, ou un autre produit, a relayé une pratique sportive qui avait fonctionné presque comme une première drogue.» Le dopage est vu comme un facteur aggravant. «Il est bien évident que la pratique sportive, qui se compliquait déjà de la prise de substances dopantes, comportera d'autant plus de risques de