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Interview

«La pratique à haut niveau est une fabrique de perdants»L'ex- nageur Frédéric Nordmann met en avant la solitude du sportif après un échec pour expliquer le basculement dans la drogue.

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publié le 12 octobre 1998 à 13h03

Frédéric Nordmann, 43 ans, ancien nageur international, aujourd'hui

président de la section de hockey sur gazon du Racing Club de France, a participé pendant deux ans en compagnie du docteur William Lowenstein à l'écoute des patients du centre Monte-Cristo de l'hôpital Laennec, l'un des dix centres parisiens de programme méthadone. Pensez-vous que la conduite dopante et la conduite toxicomane soient semblables? On ne se troue pas la peau de manière innocente. Si je me réfère à l'écoute de patients body-builders, à la fin de leur carrière ils disent: «L'important c'est la seringue, on se fout de ce qu'il y a dedans.» Ils sont passés de l'héroïne aux stéroïdes et ils n'arrêtent pas de faire l'aller-retour. Un shoot de stéroïdes raconté par les patients ressemble à un shoot d'héroïne: grande bouffée de chaleur, pores de la peau qui se dilatent" Dans un cas comme dans l'autre on rentre dans une filière. On doit respecter la loi du silence. Ce sont des choses entendues sur la drogue il y a vingt ans. Aujourd'hui, sur le dopage, on entend les mêmes choses, avec la même campagne de presse que sur le sida au début de l'épidémie: le fléau, les morts, etc. A partir du moment où l'on a créé des structures d'écoute anonyme, on s'est aperçu que la consommation de drogue a commencé à se stabiliser et on a pu avoir un contact avec les patients. Sur le dopage, on dit que des types sont blancs et puis d'autres noirs. Nous, on sait qu'il y a des gris, c'est-à-dire des gens qui ne seront jam