Marseille, de notre correspondant
Quand Jean-Michel Roussier, le président délégué de l'OM, arrive le matin au siège du club, quelques mots de bienvenue l'accueillent, griffonnés autour de la porte d'entrée: «Roussier, ton sang va couler, va-t'en vite.» «Roussier tu n'as pas compris? Que veux-tu? La mort?» Le message est clair, mais l'ennemi numéro 1 de certains supporters n'en fait pas un fromage. «Je ne veux pas croire à un éventuel passage à l'acte, dit-il. Ces propos sont le fait de quelques cas isolés, alors que la situation est calmée avec tous les groupes.» Le club efface ces marques, elles réapparaissent. Y compris près de son domicile. Roussier a aussi reçu des menaces par téléphone, au plus fort de la crise, quand le différend portait sur le prix de l'abonnement au Vélodrome (550 F, trop cher pour les fanas de l'OM). Il y a eu les insultes dans les tribunes, «Roussier, on te met le feu!», et les critiques du coach Rolland Courbis, affirmant qu'on manquait de respect aux supporters.
Ceux-ci réclamaient la tête de Roussier, le président Dreyfus la leur a donnée, en lui retirant ce dossier le mois dernier. Mais l'intéressé ne semble pas le vivre comme une sanction. Plutôt un soulagement. «On était arrivé à un état de non-communication dont j'ai ma part, largement, de responsabilité», dit-il. Le fait d'être parisien a-t-il joué? «Je ne vis pas à Marseille comme une tare d'être né à Paris. Ça revient de temps en temps. Mais je ne peux pas changer mon acte de naissance.»
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