Elie Baup aime ironiser. «A l'ombre on est beaucoup mieux pour
travailler», dit le nouvel entraîneur des Girondins, avec une pointe d'humour qu'il affectionne. «Et cette ombre, je l'entretiens.» Le coach bordelais aime l'humilité. La sienne et celle des autres. Celle de son équipe technique et celle de ses joueurs, fruit d'un travail de longue haleine presque uniquement tourné vers la détection et la formation de jeunes joueurs. D'un accent du Sud-Ouest coloré, celui que tout le monde à Bordeaux appelle Elie s'obstine à n'être exclusivement que lui-même, à la fois secret et bon vivant. Quand on lui parle du succès actuel de son équipe, il répond simplement que ce n'est qu'un petit point d'avance après neuf journées. «Cela ne signifie rien», minimise le technicien à la casquette marine cousue sur le crâne. «Moi, je ne suis rien du tout.»
Quinze ans à entraîner. Pourtant, depuis le début de la saison, son équipe réalise un sans-faute, en championnat et en Coupe d'Europe, simple application d'une politique et d'un schéma de jeu qu'il travaille depuis quinze ans. Quinze ans au service des clubs de D1. Quinze ans à se dédier à un sport qu'il n'a jamais pu pratiquer au très haut niveau à cause d'une maudite sortie de route. Elie Baup a 20 ans. Il garde les buts de l'US Toulouse, de Mazamet, de Muret. Il pourrait passer pro. Une fracture des cervicales lui enlève tout espoir et le condamne à l'immobilité pendant six mois. Depuis, Elie Baup n'a jamais baissé les bras. Le second degré