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Libération
Enquête

FOOT. Victime de «trafic d'humains» en Europe, ce Camerounais raconte. Njiki Serge Bodo joueur bafoué

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publié le 29 octobre 1998 à 12h50

De Pinte (Belgique) envoyé spéciale

Deux ans et demi de galère. Deux ans et demi de promesses données mais non tenues. Deux ans et demi de spéculation et de manipulation sur son dos. A 19 ans, Njiki Serge Bodo émerge d'un mauvais rêve. Pourtant, cet été 1996, sa vision de l'Europe est onirique. L'Europe du foot, «c'est de beaux stades, des maillots flambant neufs, un encadrement modèle», et l'assurance d'un avenir idyllique. Ce camerounais n'a alors que 16 ans et, pour tout bagage, l'espoir de réussir. Moins d'un an après, en 1997, il vit reclus dans une chambre à Bruxelles, couché à même le sol avec quatre autres Africains. Sans travail, sans argent et dans l'illégalité la plus totale. «J'ai été victime d'un trafic d'humains, dit-il. J'ai été exploité. Il m'a fallu du temps pour m'en rendre compte.» Jeans, casquette vissée sur la tête et chemise colorée, Serge Bodo soigne son look. Et conte par le menus les étapes de son calvaire.

Déniché à Yaoundé" 1996. A Yaoundé, Serge Bodo évolue comme cadet à l'Olympique de M'Volye, gros club de la capitale. En bordure de terrain, il aperçoit souvent les «scouts», ces recruteurs français et africains qui fourmillent pendant les compétitions. Ils font partie du paysage. Un jour, c'est lui qu'on approche. Montpellier veut s'offrir ses services. «Je n'étais au courant de rien», dit Serge Bodo. Il s'envole pourtant pour la France. Le jour de l'arrivée, il pointe déjà à l'entraînement. Logé à l'hôtel, il combine ballon rond et scolarité. Il