Menu
Libération
Interview

Paul Carlier, président de Sport et Liberté.«Ils sont traités comme du bétail»

Article réservé aux abonnés
publié le 29 octobre 1998 à 12h51

Paul Carlier est président de l'association Sport et Liberté. Elle a

été créée il y a neuf ans pour défendre les droits des jeunes footballeurs victimes de transferts et d'exploitations abusives. Et gère aujourd'hui 2 000 dossiers sur la seule région de la Flandre. Carlier revient sur le rôle trouble des agents qui profitent du vide juridique.

Combien de jeunes footballeurs africains sont concernés par la spéculation sans règles?

Nous avons une centaine de dossiers concernant des joueurs africains en Flandre. Nous avons des contacts avec des syndicats de joueurs d'autres pays européens, et tous constatent le même phénomène. Partout en Europe, en France comme ailleurs, on fait venir de jeunes Africains qui vivent, au bout du compte, dans des situations incroyables. Nous avons plusieurs dossiers où des footballeurs n'arrivent pas à être placés parce que les agents demandent aux clubs des sommes trop élevées. C'est finalement les agents qui décident. Mais les choses bougent beaucoup. Il y a un an, aucun d'entre eux ne voulait parler.

Le rôle néfaste que jouent les agents est-il reconnu?

Bien sûr. Mais tous les clubs jouent le jeu, et la Fédération (l'Union belge, ndlr) les couvre. Elle prétend qu'il n'y a pas de problème. Nous rencontrons beaucoup de résistance dans le monde sportif. Pour être agent ou manager, il suffit de déposer 5 millions de francs belges (810 000 F) sur un compte en Suisse afin d'être pris au sérieux par les clubs.

Y a-t-il des agents qui se comportent de façon