Lens envoyée spéciale
Il n'est pas titulaire mais a planté, cette saison, autant de buts que son compère Tony Vairelles. Le sourire de Wagneau Eloi laisse apparaître une incisive cassée. «J'étais minot chez moi, à Port-au-Prince, dit-il. On jouait dans la rue. J'ai pris un mur, la lèvre était ouverte, j'étais en sang. Impossible de manger ni de boire pendant trois jours. Quand je suis devenu joueur professionnel, le dentiste m'a dit qu'on pouvait arranger ça. J'ai refusé. Histoire de me rappeler toujours que le foot, c'est un métier dur.»
Wagneau Eloi est un attaquant hors du commun. C'est le seul joueur haïtien du championnat de France. C'est, pense-t-on, le seul homme au monde à porter ce prénom. «Mon parrain, qui voyageait beaucoup, a rapporté ce nom de je ne sais quel pays. Les gens ne savent pas le prononcer. C'est pourtant pas difficile à dire. On dit bien Washington.» Enfin, depuis quelques mois, Wagneau n'est plus unique au monde. Son ami Roger Boli, l'ancien Lensois, a gratifié de ce prénom son troisième enfant. «Roger m'a pris sous son aile quand je suis venu à Lens, en 1991. Aujourd'hui, il fait partie de la famille.» Alors, pour faire plaisir aux enfants de Roger parti jouer outre-Manche, il s'est teint en blond après le titre de champion de France. «Quand ils viennent me voir à l'entraînement, ils me reconnaissent de loin. Et à la télé en Angleterre aussi.»
Dans les buts. De son enfance à Port-au-Prince, l'attaquant remplaçant se souvient juste qu'il tapait le b