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Libération

VOILE. En vingt ans, la transat française s'est assagie, tout en faisant école. Un Rhum arrivé à maturité

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publié le 6 novembre 1998 à 15h31

Pourquoi une transat s'impose-t-elle quand d'autres périclitent?

Pourquoi, depuis vingt ans, la Route du rhum, qui largue les amarres dimanche, aimante-t-elle la limaille des attentions, des ambitions et des évolutions? Au départ, il y entre une espèce de nationalisme revanchard, une anglophobie certaine, un sens jaloux de la liberté. Ensuite, l'Atlantique de novembre a l'art et la violence de faire coaguler les belles histoires, de déclencher des drames imparables, de laisser émerger des personnages importants. Et le tout fait du rendez-vous quadriennal un moment-sanction pour les skippers, un juge de paix des tendances architecturales et une bourse des vocations. Mais, avant de passer tout cela au tamis, reconnaissons que le truc qui fait que ça marche est peut-être tout bonnement touristico-météorologique. Le Rhum est un récit de soleil qui vient toujours après la pluie. Temps de Toussaint, il vente sur Saint-Malo. On a froid pour les pauvres petits marins qui vont affronter le grand méchant golfe de Gascogne. Ils peinent, ils souffrent, mais ils passent. Et les voilà, et nous avec eux, qui rencontrent les alizés, ouvrent les cols de ciré et débarquent aux Caraïbes. Le Rhum réécrit en accéléré le mythe de la renaissance des saisons, avec les marins en passeurs du Styx hivernal. Ne jamais oublier que le Rhum est né en 1978, un temps où les séjours au ski prenaient encore le pas sur les trêves des confiseurs à la noix de coco, un temps d'avant les charters à prix cassés. D