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Libération

Michel Etevenon, le vieil homme sans la mer. Ancien imprésario, il organise la course comme une pièce de théâtre en côtoyant le moins possible l'eau et les bateaux.

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publié le 9 novembre 1998 à 16h09

Saint-Malo, envoyé spécial.

La vieillesse n'est pas encore venue à bout de cet homme aux yeux de chat qui marche pourtant à petits pas. Michel Etevenon est le père octogénaire (84 ans) de la Route du rhum. Tout dans l'existence de ce monsieur eut le charme des grands effets. C'est un personnage de music-hall, impresario et chargé de la promotion à l'Olympia dans les années 60. Mais, contrairement aux vedettes qu'il a fréquentées, il n'a jamais cherché à ce que l'on s'attache à lui. Il a connu aussi la réclame. Puis la publicité, où semble-t-il, il excellait. Dans les années 70, il se lance dans le sponsoring de voile. Et invente le sport-spectacle, ce drôle de mariage qui lui a donné «tant de joie».

Bon bourgeois. Au seuil de sa vie, Michel Etevenon se demande bien quel pacte il a bien pu lier pour que son existence soit si pleine. Il a oublié qu'elle fut d'abord un mélange d'images légères et de noceurs en habit. Il sait qu'il peut miser sur la postérité et que c'est déjà ça de pris. Il ne demande rien pour lui. Il a tiré profit de la course, comme un commerçant honnête, et se paie dessus, ce qui lui permet de vivre comme un bon bourgeois qui n'aurait pas de grands vices. C'est une qualité qu'il faut lui reconnaître. On dit qu'il en possède d'autres. Mais il convient probablement de les masquer, car, dit-il, c'est aux marins de montrer qu'«ils sont des gens exceptionnels».

Il se réconcilie avec le regard des jeunes générations de skippers, qui n'ignorent pas ce qu'il représen