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Libération

Il a fallu cent ans de gestation pour que naisse un véritable ministère. Du sport troufion au sport de masse

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publié le 13 novembre 1998 à 16h29

Il aura fallu attendre la Ve République pour que la France se dote

d'un ministère de la Jeunesse et des Sports, un maroquin de plein exercice dont est titulaire depuis juin 1997 Marie-George Buffet. C'est le gouvernement Pompidou qui a le premier confié la Jeunesse et les Sports à un ministre, François Missoffe, le 8 janvier 1966. Maurice Herzog, vainqueur de l'Annapurna, n'avait eu droit, juste avant lui, qu'à un secrétariat d'Etat. Et bien de ses successeurs devront encore se contenter d'un tel strapontin, voire hériter au mieux d'un ministère délégué auprès d'un collègue ou du Premier ministre.

La République a pris son temps avant de se déclarer sportive. Aux lendemains de la défaite de 1870, ce sont les généraux qui se soucient les premiers de l'éducation physique des Français. Comme si la discipline et la gymnastique prussiennes avaient été la clé de l'affront fait aux armées d'un IIIe Empire qui ne survivra à Sedan que le temps de noyer la Commune dans le sang.

«Riz-Pain-Sel». Déjà à l'initiative de la création du bataillon de Joinville en 1852, les armées développent la pratique sportive dès la fin du XIXe siècle avec des crédits picorés sur l'intendance «Riz-Pain-Sel» et les obus. Ou plutôt, elles entretiennent la vaillance d'une future chair à canon à l'heure immanquable de la revanche. Ensuite, quand il fut clair que l'Allemagne paierait, après la Grande Guerre, le gouvernement Poincaré créa la première ébauche de structure publique consacrée au sport en 1918. Ce Com