Menu
Libération
Reportage

Sur les terrains des cités les chères places de l'effet MondialDéjà peu équipés, des clubs de banlieue doivent faire face à un afflux de jeunes.

Article réservé aux abonnés
publié le 16 novembre 1998 à 14h25

Une porte blindée au 49 de la rue Edgar-Degas, une boîte aux lettres

sans nom sur cette entrée dérobée d'un immeuble de la Cité des 3 000, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Nuit noire. La porte s'ouvre sur un petit bureau qu'une lumière aveuglante ramène à la vie. La pièce voisine ressemble à une buanderie: des maillots vert rayé mauve pendent sur des cintres, accrochés aux néons du plafond, des shorts noirs cachent les cadres des photos. Un local de fortune pour un club de fortune. A l'image de la nudité crue qui inonde ce bout de banlieue dans l'Est parisien.

A l'intérieur, Nordine Sofrani classe quelques papiers. «Les joueurs d'ici n'iraient pas dans une école traditionnelle, dit ce bénévole du club de l'Espérance aulnaisienne et prof de gym au Blanc-Mesnil. Cette année, avec l'engouement du Mondial, c'est vers nous qu'ils préfèrent se tourner. ça a commencé deux mois avant la Coupe du monde. Il a fallu faire trois tours de détection pour faire le tri.» Insuffisamment sélectif. «Malgré ça, on se retrouve avec des groupes de 40 pour une seule équipe. Les moins de 13 ans sont carrément 85. C'est difficile à gérer. Le chiffre courant est plutôt 22 pour 12 convoqués.»

Raz de marée. L'Espérance aulnaisienne compte ses sous. Un budget d'à peine 100 000 francs pour faire tourner les 350 licenciés d'un club de foot né il y six ans, à l'initiative d'éducateurs et animateurs de quartier. Un de ces clubs qui éponge le flot des demandes de licence, véritable raz de marée post-Mond