Leur rêve: ne pas dormir. Chaque fois que les marins du Rhum
prolongent leur sieste, leurs petits camarades leur rabiotent des miles. Et il ne leur reste plus qu'à attendre que les voleurs de vitesse soient obligés de serrer le frein à main pour aller, eux aussi, reposer leurs yeux. Dans le Rhum, tout le monde est contraint au repos. L'important est de maîtriser son sommeil. Paul Vatine ne s'y est pas trompé, qui a fait d'une bonne nuit volée au mange-minutes un argument massue de sa stratégie d'intoxication. Réel ou exagéré, son gros dodo proclamé il y a quelques jours est une bonne façon de filer un joli coup de polochon sur le crâne de ceux qui n'ont pas réussi à crever l'oreiller. Car le seuil de fatigue devient une variable cruciale, aux deux tiers du parcours. Pistés par Argos, les skippers ne peuvent plus raconter d'histoires à la concurrence concernant leur vitesse moyenne ou la route suivie. Il leur reste juste à décliner au mieux le «tout va bien à bord». En masquant les casses, en humorisant les flips, ou en surévaluant les endormissements de bébé.
Le dodo saucisson Les transateux sont dans un fonctionnement paradoxal. La traversée dure une quinzaine de jours. Impossible de faire comme les concurrents du Figaro, qui se tiennent les paupières à bout de gaffe pendant les deux-trois jours des étapes, sachant qu'ils récupéreront à l'escale. Inutile de prendre un rythme façon Vendée Globe, où pour tenir trois mois les tour-du-mondistes entrent vite dans un système de