Samedi, l'équipe de France rencontre celle d'Australie. Et il était
temps. Le rugby de l'hémisphère Sud, dans la représentation que l'on s'en fait, a tourné depuis quelque temps à la psychose. Plus rapides, plus forts, plus habiles, le soupçon du dopage en plus, les Sud-Africains, Néo-Zélandais et Australiens seraient devenus surhumains. Les faits plaident pour cette thèse: la France n'a plus battu une équipe du Sud depuis sa victoire 22-15 en 1995 contre les All Blacks.
Cette soumission aux faits commence pourtant à agacer les joueurs français. «Vous vous faites une montagne des Australiens, disait Fabien Pelous, le deuxième ligne français, mercredi aux journalistes. Nous nous les avons rencontrés l'année dernière en tournée, nous ne sommes pas passés loin de la victoire. C'est une des meilleures équipes puisqu'ils ont battu trois fois les All Blacks, mais nous avons progressé aussi.»
Les faits disent aussi que la domination de l'hémisphère Sud n'est pas nouvelle. Elle n'a pas été créée par le professionnalisme. Les All Blacks et les Springboks l'ont établie depuis des dizaines d'années, même si l'Australie s'est hissée plus récemment à ce standing. Mais le but de cette saison internationale, qui se finira avec la Coupe du monde en novembre 1999, n'est pas d'inverser cette donnée absolue. Il s'agit de gagner ponctuellement des matchs, de préférence pendant la Coupe du monde. Faire du rugby français le plus fort du monde ou l'égal de celui des Néo-Zélandais relève d'une politiq