Pour la dernière fois, Libération raconte la course de l'intérieur,
depuis le paquebot qui a vogué dans le sillage du Rhum.
A bord du «Princesse Danaë», envoyé spécial Les souvenirs ne se mettent pas en bouteille. Il faudrait une malle en osier pour contenir ceux des passagers de la croisière transatlantique «Dans le sillage de la Route du rhum». Elle permit par exemple à un Bourguignon extrêmement courtois, mais faible en géographie, de situer enfin le cap Finisterre. Car ce cap est un faux ami. Monsieur croyait que ce grand nez de terre se mouchait dans la mer d'Iroise. On lui dit qu'il a fait fausse route, que l'appendice était ibère. Comme l'élève avait des lacunes, les marins lui expliquèrent avec beaucoup de pédagogie le golfe de Gascogne, du Morbihan et tous les golfes en général. L'homme comprit avec le visage qu'aurait fait Newton découvrant la gravité. Et sa curiosité fut rassasiée. Un couple d'industriels bretons, qui a fait fortune dans la crêpe (100 000 douzaines par jour au moment de la Chandeleur), est aujourd'hui en mesure de dire que traverser l'océan est une chose bien différente «d'une croisière sur le France à 2000 passagers entre Marseille et Bordeaux» (Le Norway, voulaient-ils dire). Ils en étaient émerveillés. Tout leur a plu, surtout les causeries de marins à l'heure de l'apéritif. «Impeccable», a conclu Monsieur. Madame a dit comme son mari.
Le dormeur. Il y a un passager qui a embarqué avec un but bien précis: dormir. Voilà l'histoire de ce quadragénai