Rouen envoyé spécial
Il y a une vie après le sport mais la plupart des sportifs n'y sont pas prêts. «Etat de fin de grâce», «deuil d'une image idéale de toute-puissance», «dépression du vide», le psychologue clinicien Patrick Bauche s'est penché sur les symptômes de ces «retraités» précoces (1). Un travail à partir d'entretiens avec des athlètes, de niveau national ou international, dans des disciplines individuelles, «soit en pleine heure de gloire, soit sur le point de devenir entraîneur, soit blessés, pas forcément de manière irréversible, mais qui étaient donc en situation d'arrêt de la pratique sportive». Entretien.
Pourquoi comparez-vous le sport de haut niveau à une pratique addictive?
Parce que l'acte sportif est générateur de plaisir. Et nous savons depuis Freud que tout être humain ne peut pas renoncer au plaisir dès lors qu'il l'a rencontré une fois. Dans le sport de haut niveau, cette addiction ne concerne pas seulement le corps de l'athlète mais aussi son environnement psychique: la compétition, le regard du public, gratifiant, narcissisant" Chez le sportif de haut niveau, la quête de reconnaissance se trouve exacerbée.
Est-on en état de manque lorsque l'on arrête?
Durant sa carrière, le sportif n'a pas pu forcément s'individualiser. Les champions vivent entre eux, en autoprojection et en auto-identification, ce qui crée des liens de dépendance psychique. Lorsque le sujet rompt ou se trouve mis dehors du dispositif, il peut aller rechercher ce lien de dépendance sous