Dans un quartier gris d'Aubervilliers, en Seine Saint-Denis,coincée
entre un lycée d'enseignement professionnel et les ateliers municipaux, la salle de boxe Jean-Martin a trouvé refuge dans une ancienne usine, réquisitionnée par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale pour la fabrique de roulements à billes. Ouvert depuis 1975, le club municipal d'Aubervilliers regroupe quelque 120 membres, dont plus de la moitié est licenciée à la section boxe. Les murs peints sont colorés. Une radio vieillissante crache la musique d'une station périphérique. Ils sont nombreux, dès l'âge de 12 ans, à venir ici s'entraîner ou découvrir la boxe dans le sillage des Stéphane Ferrara, Jean-Baptiste Mendy ou encore Saïd Bennajem, trois champions qui ont eu l'occasion de transpirer dans cette salle. Paroles de boxeurs.
Amed Gadi, 15 ans, lycéen. Un maillot de l'OM sur le dos, il s'entraîne avec conviction. «Mon cousin, c'est Saïd Bennajem. Il est champion d'Europe. Enfin pas encore, mais bientôt (1). Moi, je faisais du foot. Au début de l'année, j'ai choisi la boxe pour apprendre un autre sport mais aussi pour pouvoir mettre des coups. Mais je croyais que c'était plus facile. Il faut être patient, travailler sa garde, être bien placé.»
Brice Kpade, 23 ans, agent de sécurité. Fin et stylé, il s'entraîne avec application, soucieux du beau geste. «Ça fait un an que je viens ici. J'habite à La Courneuve et on voit parfois des injustices. J'ai toujours été un peu bagarreur, mais, dans la rue, on