Menu
Libération

Boxe. Deux visages de la vie des rings en France, du loisir au professionnalisme.

Article réservé aux abonnés
publié le 30 novembre 1998 à 15h29

L 'un des grands paradoxes du sport est que, tout en établissant une

hiérarchie implacable, sa pratique abolit toute distinction. En boxe, il n'y a aucune différence essentielle entre Mike Tyson ou Oscar de La Hoya, alchimistes américains transformant leurs gants de cuir en lingots d'or, et des jeunes comme Brice ou Hafid. Que la réalité de l'un soit le rêve de l'autre est, dans cette histoire, tout à fait secondaire. Seuls le statut (champion du monde, d'Europe, de France, débutant") et la rémunération inhérente différencient les combattants. Car la boxe, dans ce qu'elle recèle de fondamental, est indivisible. Comme on croise tous les jours des Zidane sur n'importe quel terrain vague, on rencontre des Tyson à Aubervilliers (lire ci-contre) ou ailleurs. Il y en a plus de 15 000 en France, boxeurs dans l'âme ou d'instinct. Parce que si la vie est un rude combat, des combats, codifiés, peuvent permettre parfois d'échapper aux coups tordus nés de la pauvreté et de l'exclusion. Laurent Boudouani, qui défend son titre mondial WBA des superwelters ce soir à Paris, est juste au milieu du gué séparant la rive «débutants» de celle où se sont hissées les «stars». Il peut témoigner que, si la tête d'un débutant et son imaginaire ne fonctionnent pas différemment de ceux d'un champion aguerri, le passage entre les deux rives est long, fastidieux, incertain. Dans le jeu du ring, la loi est impitoyable: le vaincu est celui qui a trouvé plus fort que lui. Avant de vraiment gagner l'éden myt