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Libération
Interview

VOILE. Du Cap, les solitaires reprennent ce samedi le départ d'Around Alone. La «symphonie» des mers du sud. L'Everest des marins raconté par Thiercelin et Autissier.

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publié le 5 décembre 1998 à 18h43

En quittant Le Cap samedi pour la deuxième étape d'Around Alone,

course autour du monde en solitaire, les quinze marins s'attaquent à un très gros morceau: le Sud et l'océan Indien. Ce Sud qui fait rêver, avec ses albatros et son immensité vide, ce Sud qui fait peur avec ses colères et ses marins disparus. Isabelle Autissier et Marc Thiercelin connaissent l'endroit. La navigatrice a appris à s'en méfier, après son naufrage lors de l'édition 1994, et la recherche de Gerry Roufs lors du Vendée Globe 1996. Marc Thiercelin, lui, ne compte qu'un Vendée Globe à son actif, et encore, le Sud lui a semblé «calme». Avant leur départ pour Auckland (Nouvelle-Zélande), les deux skippers français ont parlé, pour Libération, de cet Everest du marin.

Peur Isabelle Autissier. «Il y a un moment où tu sens que ça y est, tu es dans le Sud. Tu sais que ça va être le bordel, mais tu sais aussi que tu es capable d'en sortir. Résultat, tu ressens une angoisse précoce, mais aussi plus de confiance. Tu te dis: "J'en suis sorti indemne trois fois, pourquoi pas une quatrième? Physiquement, tu sens que tu es loin et seule. Il n'y a plus de voiture balai, plus de filet de sécurité. Dans l'Atlantique, il y a toujours un cargo, une présence humaine. La solitude ne me fait pas peur. Il y a une ivresse à te dire que tu es là, dans le Sud, que tu es le spectateur du monde dans un lieu où il n'y a pas d'autre spectateur que toi.»

Marc Thiercelin. «Il existe une sorte de peur primale, une appréhension née de l'iso