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Libération
Interview

«Au coin du bois, j'ai vu des cyclistes se piquer»Commissaire régional, Raymond Cloarec est écoeuré par ce milieu.

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publié le 7 décembre 1998 à 18h51

Nice envoyé spécial

Raymond Cloarec est tombé dans le vélo quand il était petit. D'ailleurs, sa mère a accouché en plein vélodrome de Nantes lors de l'arrivée d'un Paris-Nantes disputé par son coureur cycliste de père. A 62 ans, cet ancien patron d'un magasin de cycles à Nice est également commissaire régional de la Fédération française de cyclisme (FFC). Il est en guerre contre le dopage, la triche et la drogue et refuse d'officier depuis 1983. Il se déclare aujourd'hui prêt à reprendre du service après la «bombe» Tour de France et les efforts de la ministre des Sports Marie-George Buffet pour «crever l'abcès».

Pourquoi avoir arrêté de surveiller les courses?

Dès 1982, j'ai été écoeuré par ce que j'ai constaté sur le terrain. Le culte de la performance entraînait automatiquement le recours à des produits chimiques, tous plus dangereux les uns que les autres. En tant que commissaires FFC, nous étions tous au courant. Les organisateurs disaient entre eux: «Tu sais qui va gagner? C'est machin, parce qu'il est chargé à bloc!» Tout le monde savait que les produits dopants ­ à l'époque des amphétamines et de l'héroïne ­ venaient d'Italie. D'ailleurs, tous les dimanches, c'étaient les mêmes qui gagnaient.

Avez-vous eu l'occasion de constater des exemples précis de dopage?

Un dimanche, lors d'une course autour du lac de Carcès, j'officiais comme commissaire. Au coin d'un bois, j'ai vu des cyclistes s'arrêter et s'injecter des produits dans les veines. On sait tous qui prend de la dope,