Nice envoyé spécial
Lorsqu'il pousse la porte du petit appartement occupé par son fils à Villeneuve-Loubet, près de Nice, Jean Devooght est taraudé par l'angoisse. Toute la journée, ce 25 décembre 1997, la famille a attendu Fabien pour le repas de Noël. L'ancien champion cycliste a fait faux bond. Comme souvent. Mais cette fois, il n'a donné aucun signe de vie depuis plusieurs jours et ses parents sont inquiets. Dans le salon, Fabien est étendu à terre, foudroyé près du téléphone et d'un tabouret renversé. Il est mort la nuit précédente, de retour d'une soirée ratée chez sa compagne. Le coeur du coureur cycliste n'a pas supporté le terrible cocktail barbituriques-alcool qu'il s'est infligé. Accident ou suicide? Le rapport du légiste conclura à une forte absorption de produits pharmaceutiques. «Cette nuit-là, Fabien m'a téléphoné vers 23 h 30», affirme un de ses très rares amis qui réveillonnait du coté de Perpignan, à 400 kilomètres de distance. «Il m'a dit: "J'en peux plus, c'est fini, j'en ai marre. Et puis il a raccroché.» A 37 ans, le champion semble avoir préféré quitter une vie ratée, rythmée par les seules prises de drogue, d'alcool et de tranquillisants.
Les prédispositions. Il avait pourtant bien des atouts, ce bel athlète des années 80. Né à Lille d'un père ouvrier du bâtiment contraint de descendre vers le sud pour trouver du travail, et d'une mère au foyer, Fabien montre, dès sa petite adolescence, de sérieuses prédispositions pour le vélo. Son père l'encourage,