Le pilier noir et bleu sombre, légèrement surplombant, est coiffé de
stalactites de résine blancs du plus bel effet. Sous l'oeil des habitués de Mur Mur, la plus grande salle d'escalade de France, Françoise Aubert, Jean-Christophe Lafaille et François Damilano, trois as de la glace, s'essayent à des mouvements inédits, crochetant avec leurs piolets et crampons des prises de résine. On a vu les deux premiers ouvrir une belle voie glaciaire dans les mille mètres de la face Nord des Grandes Jorasses. Cette fois, ce sont huit voies de 12 mètres qu'ils viennent de tracer en trois jours à Pantin, aux portes de Paris. Mais elles marquent une date dans l'escalade: Mur Mur, où 180 grimpeurs viennent chaque jour user leurs chaussons et leurs phalanges, inaugurait hier une nouvelle structure qui doit permettre à des apprentis «glaciairistes» d'approcher les sensations intenses de la cascade de glace ou, précisément, du dry tooling, l'un des derniers avatars de cette discipline apparue en France il y a une vingtaine d'années.
«Je me suis pris au jeu». «C'était entièrement nouveau pour nous, explique François Damilano. C'est la première fois que je grimpe avec mes engins sur une structure artificielle, et je dois reconnaître que je me suis pris au jeu. C'est complètement expérimental, nous tâtonnons pour trouver les prises les plus adaptées, nous les limons s'il le faut, certaines cassent. Nous avons commencé par ouvrir des voies faciles, puis nous nous sommes enhardis; nous avons imagin